L’économie russe n’est pas équipée pour résister au COVID-19
Par souci d’argument, disons que la santé publique devient la priorité qu’elle devrait être. Supposons que la pandémie actuelle secoue le Kremlin de telle sorte que les services de santé nationaux bénéficient d’un financement plus important. Eh bien, cela ne réglerait toujours pas le problème étant donné que la Russie se trouve dans une ruine économique systémique et auto-affectée.
Autrement dit, il n’y a pas d’argent à s’approprier en premier lieu.
L’économie de la Russie n’est pas structurée de manière à compenser ses pertes financières pendant une récession mondiale. En effet, la Russie dépend de ressources non renouvelables pour la majorité de sa croissance et de son pouvoir d’achat.
Si vous vous souvenez de votre dernier voyage à la pompe à essence, l’industrie du pétrole et du gaz ne va pas trop bien ces jours-ci. Fin avril, les prix du pétrole sont tombés en dessous de zéro pour la première fois de l’histoire.
À première vue, le pétrole et le gaz ne semblent représenter qu’une part modérée, environ un quart, du PIB global de la Russie. Cependant, à y regarder de plus près, il est évident que ce nombre ne raconte pas toute l’histoire.
Au-delà des quelque 25% du PIB directement liés aux hydrocarbures, la Russie paie ses importations avec les revenus tirés de ses exportations. La Russie importe environ 60% de sa consommation annuelle, ce qui signifie que le pouvoir d’achat de la Russie dépend fortement de l’industrie pétrolière et gazière.
En outre, environ 20% du PIB de la Russie est composé de dépenses publiques provenant, directement ou indirectement, des taxes et droits imposés à l’industrie pétrolière et gazière. Le Carnegie Moscow Center estime, sur la base de ces calculs, que la part des hydrocarbures dans le PIB est plus proche de 70%.
Lorsque les prix du pétrole fluctuent considérablement, la Russie perd massivement dans le jeu des revenus.